Les discours

Bonsoir et bienvenue dans notre église Saint-Lambert,


Actualité politique oblige, je vous demanderai de bien vouloir excuser Monsieur le Bourgmestre Axel Sœur, convoqué à Bruxelles. C’est Madame l’Echevin Annick Pollart qui le remplace.

Mesdames et Messieurs les Echevins,

Mesdames et Messieurs les conseillers communaux,

Monsieur le Doyen principal de Charleroi, Monsieur l’abbé Luc Lysy,

Monsieur le Doyen de Châtelet, Monsieur l’abbé l’abbé Jean-Luc Deblaere,

Messieurs les abbés Max Vilain et Benoît Carbonnelle,

Mesdames et Messieurs les représentants de diverses associations,

Mesdames, Messieurs,

merci d’avoir répondu à notre invitation au vernissage de ce soir.


Avant d’aborder le sujet qui nous rassemble ce soir, permettez-moi, en tant que Président du Conseil de Fabrique d’église de la paroisse Saint-Lambert, d’adresser un merci tout particulier aux autorités communales pour l’écoute et le suivi qu’ils daignent accorder aux différentes demandes et requêtes de notre Conseil de Fabrique.

Nous savons que la situation financière de notre commune, comme de bien d’autres, n’est pas toujours facile, mais sommes persuadés que vous continuerez à nous soutenir en fonction de vos possibilités.

M. le Bourgmestre ...

M. le Vice-doyen,

  1. M.le Président de la FE ...

Mesdames et Messieurs,



Le pêcheur de perles qui descend au fond des mers pour en extraire perles et coraux, et les faire émerger à la surface du jour, ne plonge pas dans le passé avec la simple intention de le restituer tel qu'il était ni pour ranimer des époques mortes. Ce qui le motive, c'est que « dans la mer naissent de nouvelles formes cristallisées qui, rendues invulnérables aux éléments, survivent et attendent seulement le pêcheur de perles qui les portera au jour ... »


Ainsi en est-il du travail de mémoire, comme du travail du pêcheur de perles fines. C'est un travail de plongée dans les couches sédimentées de la vie et de l'histoire. Couches dont la sédimentation est le fruit jamais définitivement figé de forces vives, d'intuitions, d'enthousiasmes et de douleurs.


Le hasard fait parfois bien les choses, merci d’avoir donné à l’accès de notre église un aspect convivial et pratique.

Venons-en maintenant au thème de cette cérémonie d’ouverture du 175ème anniversaire de notre église Saint-Lambert que nous fêtons grâce à l’initiative et à l’impulsion de notre Vice-Doyen, Monsieur l’Abbé Claude Musimar.


L’histoire religieuse de Courcelles est bien humble.

C’est ici, à l’emplacement même de notre église actuelle, que fut construite une première chapelle en bois vers l’an 820.

La paroisse dépendait à l’époque de l’Abbaye de Bonne-Espérance.

La chapelle fut démolie et reconstruite à plusieurs reprises.

En 1456, elle fut remplacée par une nouvelle église de style roman et en moellons du pays.

Notre église de Courcelles Saint-Lambert fut plusieurs fois saccagée, détruite, foudroyée et incendiée. Elle participa aux difficultés de Courcelles, la peste, la famine et les guerres.

Les guerres de la Révolution et de l’Empire furent les plus terribles et les plus meurtrières.

A la Révolution française, l’église fut une fois de plus pillée et saccagée, le curé fut mis à mort et, comme il n’y avait pas d’autre prêtre, les courcellois durent l’enterrer civilement. (il n’y  avait pas d’assemblée sans prêtre à cette époque !).

Après 1830, la population augmenta progressivement, si bien que l’église devint trop petite. L’administration communale décida donc de la démolir et d’en reconstruire une plus grande au même emplacement. L’ancienne église, comme beaucoup d’églises de l’époque, était entourée d’un cimetière.

La première pierre fut posée le 14 juillet 1834 et l’église fut consacrée en 1837.

En 1844, le facteur d’orgues Hyppolite Loret construisit les grandes orgues que nous connaissons toujours et qui sont classées « monument historique » depuis le 3 octobre 1974.

En 1928, l’ensemble fut rafraîchi intérieurement (dorures et peintures).

La dernière restauration intérieure date de l’année 1971.


Voici succinctement dressée l’histoire de notre paroisse et de l’église actuelle.


Après la cérémonie protocolaire et non moins conviviale, nous vous inviterons à découvrir les documents, trésors et autres pièces évoquant cette longue histoire et plus particulièrement les 175 ans de notre église Saint-Lambert.


Marcel De Busscher,  Président du Conseil de Fabrique d’église de la paroisse Saint-Lambert de Courcelles

Ce que la comparaison du pêcheur ne dit pas, c'est que le travail de mémoire est nécessaire à notre humanité. Nous savons combien l'histoire d'une personne, d'un groupe, d'une région, d'un pays, permet de saisir mieux ce qui arrive, de sympathiser, de marcher avec, d'oeuvrer ensemble ... Le succès des travaux d'histoire à notre époque montre largement l'apport du travail de mémoire dans la construction et l'affermissement d'une identité personnelle ou commune. La psychanalyse n'est-elle pas, elle aussi, une forme de travail de mémoire, qui peut se révéler profondément thérapeutique pour beaucoup ?


Ce qui est en jeu dans le travail de mémoire, ce n'est pas l'accumulation d'éléments classés et emmagasinés qui fait de vous un champion de certaines émissions télé; ce qui est en jeu, c'est plutôt l'engendrement des êtres humains à eux-mêmes et à la dignité de leur humanité, et l'ouverture des possibles que recèle le présent habité par tout l'héritage du passé. Car le présent n'est jamais qu'une brèche ouverte entre le passé et le futur, mais c'est le lieu où s'exercent les forces orientatives qui nous habitent et dont nous héritons.


N'est-il pas symptomatique que beaucoup d'entre nous trouvent important de garder précieusement des traces de certains événements vécus personnellement, en famille, avec un groupe d'amis ... telles des perles du fond de la mer, pour pouvoir y retourner de temps en temps comme à une source ?


Une commune vit aussi de mémoire, et ses monuments sont un album ouvert à la vue duquel se façonne une identité à visage humain. A travers ce monument, qui succède à d'autres, nous touchons aux racines de Courcelles ; il donne accès aux nappes phréatiques où vous pouvez puiser pour la vie à Courcelles, et pour une vie humanisée et humanisante.


C'est dans cette fécondité du travail de mémoire que s'inscrit la commémoration de ces jours-ci qui, du coup, prend l'allure d'une fête. Dès les débuts de l'histoire d'Israël relatée par la Bible, il existe ce type de commémoration qui se fait célébration solennelle et publique. Pensons par exemple à l'année jubilaire, tous les 50 ans, qui amenait d'ailleurs la rémission de toutes sortes de dettes, la redistribution des propriétés, la mise en liberté des esclaves. Chaque fois, toute une situation présente était en quelque sorte revisitée, traversée, refondée par une puissance inaugurale - puissance non pas simplement d'un fait historique qu'on magnifie après coup, mais puissance de la foi qui a alimenté ce fait et lui a donné fécondité. Chaque fois, on pouvait mesurer la profondeur vivante de cette foi et de ce qui la constituait comme foi fondamentale en la vie, inaugurale d'une histoire bénéfique entre des êtres humains.


Fêter un anniversaire comme celui que nous fêtons aujourd'hui, loin d'être une opération du comptage du temps qui passe ou une oeuvre de nostalgie dans un monde dont l'avenir apparaît incertain, c'est se ressourcer à la puissance vivante de ce qui a commencé un jour, c'est laisser cette puissance de vie révéler ce que le présent contient de promesse, ce en quoi il est un « moment favorable» - à la manière dont Jésus de Nazareth annonçait la Bonne Nouvelle: il n'annonçait pas une nouvelle religion, il disait aux gens: « c'est maintenant le moment favorable, le temps de la grâce pour vous ». C'est raviver la Parole des créations et des commencements: « Dieu vit ce qu'il avait créé: bon, très bon ! » Que la vie soit, aujourd'hui même ! C'est délier le présent des forces destructrices et meurtrières.


Au coeur des évolutions fortes qui atteignent tous les domaines de notre vie, les enjeux sont souvent radicaux : quel sens donner à notre humanité ? Comment s'y prendre pour que le goût de l'humain ne soit pas dénaturé ou affadi ?


L'église Saint-Lambert, dans le message qui est le sien, opère une sorte d'interpellation radicale, qui joue sur l'ultime, c'est-à-dire : qu'est-ce qui aboutit réellement sur cette terre ? Et qu'est-ce qui n'aboutit pas, ou aboutit à la destruction? Oh ! Peu de gens se laissent aller aujourd'hui spontanément à ce genre d'interpellation. Et pourtant l'être humain n'est pas l'être humain s'il ne se laisse travailler par elle. Interpellation qui n'attend pas une réponse menant au repos, mais qui provoque une remise en route. Interpellation qui questionne toutes les étroitesses et même toutes les perspectives établies, car elle dit avec foi : il n'y a pas de fatalité qui pèse sur l'humanité, il n'y a pas d'être humain condamné.


Merci à vous tous qui prenez en charge tout ce qui se fait autour de ce bâtiment ! Bon anniversaire !


Luc Lysy, doyen principal de la région de Charleroi.

2010 - 175 ème anniversaire de l’église St-Lambert - Ressources : A.Bricq - Rose-Marie Henreaux  -   Web : P.Walraevens - Mise à jour de cette page le jeudi 13 mai 2010